lundi 22 décembre 2014

Faire les bons choix, faire ce que l'on doit...


Voici les vacances de Noël !


Pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année, je voulais partager avec vous ces deux petits textes découverts sur le net. Juste quelques mots sans aucune prétention, à partager sans modération.
Je vous souhaite une belle année à venir, colorée par ces idées simples :
au quotidien des choix qui guident vers la paix, la confiance et la joie,
et tranquillement faire ce que l'on doit !
Très belles fêtes à chacun d'entre vous !


  • Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
    Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
    Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

Source : l'association Colibris fondée par Pierre Rabhi.


  • Et un conte indien : Un vieil homme veut apprendre à son petit-fils ce qu'est la vie. Il réfléchit longtemps et lui dit : 
"En chacun de nous, il y a un combat intérieur. C'est un combat jusqu'à la mort et il se tient entre deux loups."

"Le premier est ténébreux. Il est la colère, l'envie, le chagrin, le regret, l'avidité, l'arrogance, l'apitoiement sur soi-même, la culpabilité, le ressentiment, l'infériorité, la supériorité, les mensonges, la fausse fierté et l'ego."

"Le second est lumineux. Il est la joie, la paix, l'amour, l'espoir, la sérénité, l'humilité, la gentillesse, la bienveillance, l'empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi."

Le petit-fils réfléchit à son tour. Au bout d'un long moment il demande à son grand-père : "Quel est le loup qui gagne ?"

Alors le vieil homme sourit et répond : "Celui que tu nourris."







jeudi 27 novembre 2014

La Protection Maternelle et Infantile


Tout d'abord un petit regard vers les statistiques du blog.
J'ai commencé à rédiger des billets en décembre 2013, mais voilà seulement deux mois que je me suis installée chez blogspot.
En deux mois, quelques 800 pages ont été vues, et les origines des lecteurs sont variées :
France pour la majorité mais aussi États-Unis, Pologne, Irlande, Suisse, Belgique, Inde, Brésil, Allemagne et Danemark.

Émue (un peu) à l'idée que ces quelques lignes voyagent, curieuse (surtout) de ces autres vies dans lesquelles les livres et les rencontres ont visiblement une place suffisamment importante pour prendre le temps de lire le « partage de regard » proposé ici en toute simplicité et en dehors de toute expertise.

Et l'interrogation qui en découle : que sait-on du cadre de la Protection Maternelle et Infantile en France, lorsqu'on vit aux États-Unis, en Pologne ou ailleurs ?

Cela nécessite bien un article ! Constat, réaction... voici donc:

 une présentation de la Protection Maternelle et Infantile 

 


La France est découpée en Régions (qui viennent d'être redéfinies, grande polémique, tout récemment), et chaque Région comporte plusieurs Départements.

Les Départements ont les missions suivantes (pour plus de détails voir ici) :
L’équipement et les transports,
L’aide aux communes,
L’éducation, la culture, le patrimoine,
L’environnement, le tourisme,
Le développement économique et social (en complément de le Région)

Mais la compétence principale des départements est bien l’action sociale.
Les domaines concernés sont très variés : action en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées ou de l’enfance, mais également prévention ou l’insertion des personnes en difficulté. Les investissements dans ces domaines représentent environ 60 % des budgets départementaux et 80 % des personnels employés.

Les services de la Protection Maternelle et Infantile se situent donc dans ce cadre plus large des compétences d'action sociale.

Les centres de PMI comprennent généralement des médecins (pédiatres, gynécologues-obstétriciens, généralistes), des puéricultrices, des sages-femmes, des infirmières, des assistantes sociales, des psychologues.

Pour les parents et futurs parents : ils proposent des consultations gynécologiques et le suivi de la femme enceinte, dont l’entretien du 4e mois, la délivrance d’un carnet de maternité et la consultation obligatoire 6 à 8 semaines après l’accouchement. Au besoin, des sages-femmes peuvent venir à domicile, avant ou après la naissance, pour répondre aux questions des jeunes mamans, en particulier chez les familles dont les enfants ont besoin d’une attention particulière (handicapés, prématurés…).
Des puéricultrices peuvent également être sollicitées pour des conseils concernant les soins à apporter aux tout-petits (par exemple, l’organisation de la chambre, l’allaitement…).
Souvent associée à un centre de planification la PMI propose également des consultations médicales pour la contraception et des entretiens préalables à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Enfin la PMI organise des activités d’éveil et d’animation pour favoriser la relation parents-enfants et l’éducation à la santé.
Pour les enfants : le travail des professionnels va s'organiser autour de deux grands axes : l'accompagnement et la prévention, et d'autre part la protection.
La prévention se décline sur plusieurs plans :

- Le suivi du développement de l’enfant de la naissance à 6 ans (consultations médicales obligatoires, vaccinations, visites à domicile, bilans de santé des 3 à 4 ans, accueils pesée pour suivre le poids, la taille, conseils et soutien sur l'alimentation et l'éducation, entretiens avec un psychologue).
C'est lors de ces consultations que j'interviens pour l'action lecture.
- L’organisation d’actions collectives au sein des centres de PMI (accueils jeux pour les familles ou les assistantes maternelles, préparation à la naissance, les rencontres futurs parents, carrefours allaitement, etc.).
- Le dépistage des handicaps des enfants de moins de 6 ans et l’orientation des parents vers des services adaptés
- Les examens préventifs pour tous les enfants de moyenne section (et parfois petite section) de maternelle, afin de dépister au plus tôt des troubles de la vue, de l’audition et du langage (bilans de santé). Le médecin de la PMI peut aussi suivre l’adaptation et l’intégration d’un enfant à l’école sur demande du médecin scolaire.
-  L’information sur les modes d’accueil des enfants de moins de 6 ans, l’agrément et le suivi des assistantes maternelles et des crèches. Les services départementaux de la PMI prennent également en charge la formation des assistantes maternelles.


Par ailleurs, le personnel des centres de PMI participe aux actions de prévention des mauvais traitements, au dépistage et à l’évaluation d’enfants en danger et en risque de danger.
Ce travail s’effectue en collaboration avec l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et les circonscriptions de la vie sociale (CVS) et en partenariat avec la médecine scolaire et parfois aussi avec les médecins traitants.
(source : fil santé jeunes)

Pour aller plus loin: le site de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) avec une page spéciale sur la PMI  avec les données de tous les départements et une bibliographie associée.




dimanche 23 novembre 2014

Fessée : 10 raisons pour l'interdire, ainsi que toutes les autres punitions corporelles


Cette semaine, la secrétaire d'État à la famille, Laurence Rossignol a appelé à une "prise de conscience collective" concernant les punitions corporelles.

La psychiatre Muriel Salmona, qui défend une éducation non-violente, réagit sur le nouvel observateur à cette annonce.

Pour lire l'article c'est ici !

Je vous avais déjà parlé de "non-violence éducative": c'est ici!

Muriel Salmona est psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes, formatrice et chercheuse en psychotraumatologie, présidente de l’association d'information, de formation et de recherche "MémoireTraumatique et Victimologie".
Créatrice du site memoiretraumatique.org, auteure de nombreux articles et de l'ouvrage "Le livre noir des violences sexuelles" chez Dunod paru en 2013.




mercredi 19 novembre 2014

Pas de loup




"C’est un cadeau formidable que fait l’adulte à l’enfant quand il lui renvoie un écho de ses petits discours"

Evelio Cabrejo-Parra vice-président de l'Association ACCES


"Pas de loup!
Tu as cherché partout?

Alors à pas de loup
vers les histoires où tout se noue et se dénoue"

Jeanne Ashbé 


Découverte...


Ce sont des gens de passage, ils font parti d'un grand cirque qui s'est installé dans la ville.
Ils auraient du faire les vaccinations de leur petite fille il y a déjà quelques temps mais ils n'ont « pas eu le temps avant, et puis les horaires ne convenaient pas, il y a toujours beaucoup de travail, on ne choisit pas toujours ».

La puéricultrice a fait une place dans le planning.

Maman est discrète, souriante, elle est très attirée par les livres, elle est prévenante avec son enfant. Papa cherche l'échange, il est en admiration devant sa fille à laquelle il promet un grand avenir !

« C'est surprenant les enfants ! Ma fille elle est déjà une grande observatrice ! Quand je fais la musique, elle observe mes doigts qui bougent sur la guitare.
Ma fille, elle va être très belle ! Mais je veux aussi qu'elle soit intelligente parce que sinon c'est vide !
Mais je me rends bien compte qu'en favorisant cela, ce sera une arme dangereuse ! Une femme belle ET intelligente, elle aura le pouvoir ! Moi je suis le père, je serais fier mais bon courage pour les hommes qu'elle va rencontrer ! »
Le discours est fluide, teinté d'un accent italien. L’œil pétillant et le sourire en coin posent bien le cadre : nous sommes au spectacle !

Papa et maman s'intéressent aux livres : « mais elle est trop jeune non ? »
La demoiselle si intelligente ? Non elle n'est pas trop jeune, elle observe bien tout ce qui se passe autour d'elle, on peut en regarder un ensemble si vous voulez...

Et hop ! « pour qui ce petit bisou? » de Bénédicte Guettier

Petite demoiselle réagit, elle veut attraper le chat, elle veut manger la pomme, et papa et maman sont ébahis devant ses réactions.

Quelques planches de « pas de loup » de Jeanne Ashbé... Petite demoiselle observe, concentrée et sérieuse, puis elle sourit tout à coup devant le cui-cui de l'oiseau.
...« Il faut qu'on en trouve des livres comme ça ».

Et papa commente « Je crois qu'il faut beaucoup de distance, une grande connaissance et une grande compréhension pour écrire des livres pour les enfants, comment savoir ce qui va les faire réagir ? »
«Peut être ! Mais il faut surtout observer et laisser parler sa créativité, c'est comme vous pour le spectacle, beaucoup de travail et beaucoup d'observation des réactions. Je crois qu'on ne parle pas aux bébés avec le cerveau mais bien avec le cœur ! »

Arrive petit bonhomme, tout timide, avec sa jeune maman. On s'était déjà rencontré, je les accueille... petit bonhomme a besoin de distance, il faut s'apprivoiser.
On discute avec maman de sa formation avec la mission locale, de la place qu'elle a pu avoir en crèche, des activités que son fils peut y découvrir. Petit à petit, petit bonhomme se décolle de maman et va vers la cabane.

Il observe les parents et leur petite fille qui ont poursuivi leur découverte des livres. D'abord avec leur enfant puis quand elle montre des signes de fatigue, ils lisent pour eux-mêmes.
Petit bonhomme vit seul avec sa mère. Il y a là le spectacle d'un couple parental en osmose admirative avec son enfant.
Petit bonhomme observe avec intensité, de tout ses yeux mais aussi de toute son intelligence.
Il a bien entendu qu'ils ne parlent pas français entre eux, et son attention se fait vaguement inquiète.

Alors on explique, qu'ils viennent d'un autre pays, qu'ils voyagent, qu'ils font des spectacles dans un cirque... le sourire revient sur le visage de petit bonhomme, et il se fait charmeur, va donner un petit livre à la petite demoiselle... opération séduction réussie !
Les parents de la demoiselle sont sous le charme « que tu es gentil ! ».
Maman de petit bonhomme rougit de fierté.

Les parents et leur petite fille partent à la consultation, petit bonhomme va jouer un bon moment et regarder plusieurs livres avec moi et avec sa maman.

Même entre les quatre murs d'une salle d'attente PMI, pour qui sait – comme petit bonhomme – ouvrir grand ses yeux, son cœur, son intelligence, on peut découvrir le monde et la vie des hommes...





dimanche 9 novembre 2014

l'heure du lit?...


Couleurs d'une nuit



"Couleurs d'une nuit" éditions Belin - Martine Laffon - Catherine J.Mercier

« Un album pour les minouchkas qui n'ont pas sommeil...
Pour tous ceux que les secrets de la nuit font rêver avant d'aller, enfin, se coucher ! »

« Dors mon chat, mon petit minouchka »... un texte qui se murmure comme un secret et des dessins d'une poésie infinie.

Un livre à offrir (tiens ! C'est bientôt Noël!)

Beaucoup plus léger mais sympathique à souhait :

ABRACADANOIR moi je vois dans le noir



ABRACADANOIR - l’École des loisirs - Nathalie Laurent - Soledad Bravi


« Hier, j'avais peur du noir
pas du bleu, ni du jaune, ni du vert
juste du noir qui ne ressemblait à rien
Ça m'a donné une idée.
Il fallait transformer le noir en quelque chose... »

Vont suivre, le rouleau de réglisse, la famille de lapins noirs, un éléphanteau, des dinosaures, des bateaux, un paquebot... plus l'imagination s'emballe, plus les couleurs s'embrasent.

« Maman, viens voir ! J'ai réussi à transformer le noir en rêve »


Bonne lecture et bonne nuit les petits !


mercredi 5 novembre 2014

Les livres photos...


En salle d'attente PMI, par définition, … il y a des enfants et comme ceux-ci ne viennent pas tout seuls ... il y a aussi des adultes qui les accompagnent :
papa, maman, assistant familial, mamie, tonton, tatie...

Certains adultes sont curieux, spontanés et vont rapidement se saisir des livres mis à disposition.
D'autres seront plus réticents face à l'objet livre étiqueté « pour enfant » ou bien face à la lecture dont ils se pensent très éloignés.
Le but de ces rencontres, de ces propositions est bien d'amener les parents et les enfants vers un moment de partage et de plaisir de la découverte, ensemble.

Au delà du plaisir de promener ces livres pour leur intérêt propre, quand la gêne ou la réticence sont présentes les livres de photos sont une bonne « porte d'entrée » pour une prise de contact.

Je vous avais déjà parlé d'écoles du monde et de tous à table.

Pendant longtemps dans ma valise ce sont aussi promenées les photos en bazar  (éditions Milan):


Ursus Wehrli est un artiste plasticien suisse, obnubilé par l'ordre et qui s'amuse à ranger ou ordonner les éléments de photos, ou de tableaux célèbres.
Beaucoup d'humour qui fait réagir les enfants et au succès garanti auprès des adultes mais aussi avec les ados « qui n'aiment pas les livres » !.

Mais les livres, au bout d'un moment, il faut bien les rendre (comme je vous le racontais ici).

Ce qui laisse le plaisir … d'en découvrir bien d'autres, dont celui-ci :

Bric à brac Maria Jalibert – Éditions Didier Jeunesse




Ce sont à la fois des photos de ces tout petits objets, petits bouts de plastiques, qui ont coloré notre enfance et qui accompagnent encore celle des enfants d'aujourd'hui : les cadeaux du menu enfants de la cafétéria, les souvenirs d'anniversaire, les pochettes surprises de la fête foraine...
Mais « bric à brac » c'est aussi un texte minimaliste qu'on a pourtant un plaisir immense à lire.
L'ensemble donne le sourire... et je suis sûre d'avoir rajeunie !

« Bric à Brac » : reconnu d'utilité pour la santé publique (par la dame des livres)



samedi 1 novembre 2014

Toutes les couleurs de la Vie...


Sur mon chemin... une valise qui se promène !
« la dame des livres, avant qu'elle arrive, on entend les roues de sa valise dans la rue » !
Çà, c'est la réparation de super papi... pour la petite histoire voir ici !

Dans la salle d'attente... des livres !
Des livres qui s'installent, se promènent, se posent, se jettent (parfois), s'ouvrent (souvent), s'observent, se manipulent, se partagent et même ce jour là se contemplent :

Ce jour là, les deux messieurs sont arrivés ensemble. Papa et sa petite fille, et tonton qui les accompagne. Ils sont très discrets, ils observent avec le sourire et sans commentaire.

Papa est calme et très attentionné avec sa fille. Ce sera rapidement leur tour.

Je suis disponible pour un petit garçon et sa famille en salle de puériculture. Mais je vois que le monsieur qui est resté en salle d'attente, observe avec un grand intérêt les livres installés.

Je l'invite à se servir «  ce n'est pas que pour les enfants ! Les adultes aussi ont le droit de se régaler ! »

Sourires

Et monsieur regarde, il choisit chaque livre avec soin, tourne les pages avec attention, et contemple chacune d'entre elles. Quand il repose un livre, il observe l'ensemble avec un peu de recul. Tous ses gestes sont lents, calmes, tout en retenue, mais le regard lui est brillant d'intensité.

Petit garçon et sa famille s'en vont; me voilà un peu disponible et nous engageons la conversation.
La voix est douce et elle me dit l'émotion ressentie devant toutes ces couleurs qui l'interpellent.

Monsieur regarde avec attention « beaucoup de beaux bébés », recueil de photos d'enfants.
Il est touché par les expressions des visages « si bien mis en valeur ».

Il prend le livre en photo pour avoir les références. Il veut chercher les autres travaux de l'auteur.
Ces photographies en noir et blanc le fascinent mais si son regard englobe l'ensemble des livres m'explique-t-il, c'est qu'il est touché par la couleur.

Le regard est légèrement inquiet. Je l'encourage du regard, d'un sourire, et la parole, tout d'un coup, se libère :
« Avant, je faisais de la peinture, avec des amis, mais il y a longtemps que je n'en ai pas fait. On peut dire tellement de choses avec la couleur, ses émotions, son ressenti, on essaye de le partager avec les autres, ça ne marche pas toujours mais on peut essayer.
Souvent je suis trop fatigué, je travaille dans l'agriculture en saisonnier, c'est beaucoup de travail physique. Quand je rentre, je suis épuisé. Il faut être en forme pour peindre, il faut avoir l'esprit libre. Mais quand je vois toutes ces couleurs, ça me redonne envie de sortir les peintures et les pinceaux. Toutes ces couleurs, c'est la vie. Vous avez bien choisi, vous faites un beau métier... »

Oui, je fais un très beau métier... mais je ne suis que passeur !
Passeur d'histoires, passeur de mots, passeur de couleurs.
Ce sont ceux qui choisissent les couleurs qui sont les artistes, les créateurs de vie !

Quelle chance vous avez de savoir peindre la couleur ! De pouvoir partager une émotion !
Quelle intensité, quelle exigence, quelle solitude devant la toile blanche !
Tout ce qui se partage est une richesse... sortez vos pinceaux !

Monsieur a dit « je ne veux pas vous importuner, si vous voulez je dois avoir quelques photos, prises il y a longtemps ».

Sur son portable, nous avons regardé quelques unes de ses toiles et je l'ai encouragé. Sincèrement.
Parce qu'il y avait de la couleur sur certaines et sur d'autres, probablement bien des tourments.

Puis il est revenu vers les livres :
« Oui là ça me redonne vraiment envie... ça ne vous dérange pas si je prends l'installation des livres en photo ? »

Pas du tout ! Bien au contraire !

Et il a pris plusieurs photos. D'autres enfants sont arrivés, pour de nouvelles rencontres.
Papa et sa petite fille sont sortis de la consultation et ce fut l'heure de rentrer à la maison.

Bonne continuation à chacun de vous !

Et soyons courageux ! Autorisons nous à prendre le risque, chacun avec sa personnalité, chacun avec son talent, le petit risque de peindre toutes les couleurs de la Vie.
(pour plus de joies et plus de vie...)



dimanche 19 octobre 2014

Petit garçon...


Le début de matinée a été très (trop) calme, puis plusieurs familles sont arrivées tout d'un coup et le mouvement s'est installé.

Il y a là un petit garçon de deux ans et demi en pleine période de revendication et d'affirmation.

Il n'accepte aucune contrainte. C'est un sacré défi pour la puéricultrice d'arriver à le peser et à le mesurer alors que lui a plutôt décidé de jouer dans la piscine à balle ou de partir à la découverte du Centre Médico-Social en couche-culotte !

Maman voudrait bien se faire écouter mais elle donne l'air de tant redouter le NON de son fils qu'elle lui pose les questions en espérant obtenir son acceptation.
Forcément le résultat n'est pas très concluant !

Alors par moment, elle essaie de l'attraper de force pour le ramener en salle de puériculture mais, face à ses hurlements, elle renonce vite à tenter de lui imposer quoi que ce soit, haussant les épaules avec un sourire mi-amusé, mi-désolé :
« Il ne veut pas hein ! Il en a du caractère hein. Pfff, les enfants à cet âge là, c'est pas facile ! »

Et petit garçon est finalement bien seul, enfermé dans cette lutte où en gagnant, il perd tant...

D'autres enfants sont là qui attendent également leur tour. Une petite troupe s'est constituée qui a investi le toboggan et la petite table où sont posés les livres.

Hop, une descente en toboggan, hop, hop, une cachette sous le toboggan... tiens ! Un livre !
Tiens, tiens ?! Plein de livres ?! Un joyeux commerce s'installe avec les petits lutins poche de l'école des loisirs...



Je le regarde...
je te le passe...
tu me l'arraches des mains...
« moi je veux celui-là ! »
« ouh là là ! Il y a un loup ! »...
« ça fait peur les loups ! »...
« moi celui là, je l'ai à mon école »
« moi ma maîtresse, elle en lit des histoires.... »
« titine, titine !! »
« y'a un loup !! »
moi « Et tu as vu ? Il s'habille le loup.. »
« c'est jaune ! » ...

Petit garçon, dans son énième fuite de la salle de puériculture, s'est arrêté devant le toboggan, et il observe ce joyeux manège.
Il voudrait bien en être ! Se faire une place ! Alors il grimpe et sûr de son bon droit, bouscule les enfants avec énergie...
Mais les autres l'ignorent parce que nous avons commencé à regarder ce loup sur fond jaune qui intéresse tant l'un d'entre eux.

Temps d'arrêt chez petit garçon, la situation lui échappe...

Il reste à proximité, nous observe mais ne s'approche pas malgré mes sourires et les encouragements de maman.
Le mouvement reprend sur le toboggan puis petit garçon part en consultation (en hurlant). Pour certains c'est l'heure du départ et pour d'autres le moment d'aller voir la puéricultrice pour se préparer.

Le calme se fait, un peu de disponibilité pour une maman et quelques comptines pour son petit bébé.

Quand petit garçon sort de la consultation, une fois rhabillé, il s’arrête devant le toboggan vide.
Un temps de pause, d'observation du calme tout autour, et il entreprend l'escalade avec un sourire conquérant ! Et son regard brillant qui balaye toute la salle d'attente semble affirmer à tous sa supériorité « Ah, ah ! J'y suis ! Tout en haut ! J'ai gagné la place ! »

Tiens ! Il reste un livre sur la plate forme...Un loup, sur fond jaune...
Petit garçon se pose, finalement ! Et puis il commence à tourner les pages.

Je m'approche et je commence à lire les pages qu'il choisit, il m'observe et après un temps d'hésitation (je me suis appliquée, j'ai fait mon plus beau sourire!), il choisit de continuer (ouf!).
Il regarde un bon moment ce loup qui va le croquer... puis il descend du toboggan, va prendre un autre livre et remonte s'installer sur la plate forme de ce toboggan absolument magique.

Il va ainsi regarder :

Puis il reprendra le loup de Bénédicte GUETTIER.
« Il l'aime bien celui là on dirait » a dit maman.
« Ça fait du bien qu'il se pose un petit peu, c'était pas facile aujourd'hui. »

Et puis c'est l'heure du départ.

Bonne journée et à bientôt petit garçon ! 




Je m'habille et je te croque...




Tiens un loup!

Et sur fond jaune, il attire bien le regard...

Et il s'habille ce loup page après page.

Caleçon (craquant)...

Chaussettes...

Pantalon...

Tee-shirt...

Mais quand il aura fini? Que va-t-il se passer?

"Je m'habille et je te croque"
Bénédicte GUETTIER - École des loisirs.

Pablo le petit pirate...




Le commentaire du site Nathan:

"Pablo le petit pirate n'a peur de rien ! Mais qui l'aidera à faire fuir un gorille en colère ? A trouver son chemin sur l'île déserte ? Et à ouvrir le coffre au trésor ? Toi, peut-être ?"

"Pablo Pirate" Auteur: Pakita - Illustratrice: Laure du Fay
Éditions Nathan - collection: mes histoires douces.

jeudi 16 octobre 2014

Venir d'ailleurs, grandir ici...

Je voudrais vous faire partager ce blog tenu par Sylvie Blanchet sur le journal La Croix.

Pas d'affolement, il ne s'agit pas thématique religieuse (La Croix est un journal catholique), mais c'est bien d'éducation dont il est question ici.

Sylvie Blanchet est rééducatrice en RASED (Réseau d’Aides Spécialisées aux Enfants en Difficulté), elle intervient donc à ce titre en milieu scolaire dans "un quartier réputé sensible".

C'est son expérience et son regard qu'elle partage à travers ses billets. Regards sur les enfants, sur les familles, sur les systèmes institutionnels, sur ces enfermements qui touchent ces publics défavorisés, et les sourires et les espoirs qui font avancer.

Si mes interventions n'ont rien de scolaire, je retrouve dans les lignes de ce blog des descriptions pertinentes, des visages que j'aurai pu croiser dans mes salles d'attentes, et les interrogations qui animent toute personne qui se met en position d'accompagnateur même pour un instant aussi court soit-il.

Sylvie Blanchet est l'auteur au éditions Chronique Sociale de "Enfances populaires, invisibles enfances".  
(que je vais essayer de me procurer... pour mieux pouvoir vous en parler bien sur!)

Pour la présentation de l'auteur cliquez:   ICI

Et pour le blog, c'est par  LA !

Bonne lecture!



jeudi 9 octobre 2014

Jeux vidéos vs livres??


Quelque part dans le sud de la France, en ce début d'automne, des professionnels de divers horizons, des bénévoles, intervenants dans le secteur de la petite enfance, se sont retrouvés sur proposition du Conseil Général, pour une réflexion sur la place du numérique dans la vie des tout-petits.

A cette occasion nous avons pu entendre et échanger avec plusieurs intervenants.

Dont Mme Vanessa Lalo :

« Psychologue clinicienne chercheuse, Vanessa Lalo s'interroge sur les nouveaux médias numériques allant des jeux vidéos aux serious games en passant par les réseaux sociaux.
Elle a travaillé avec Serge Tisseron et s'intéresse de près à l'enjeu du numérique chez le tout-petit et plus généralement à son impact au sein de la famille. »

Son intervention a été des plus passionnante bien qu'assez éloigné de l'univers de la petite enfance (qui a été plus abordé par d'autres intervenants).
Elle a posé les bases pour un changement de regard sur ces nouvelles technologies parées de toutes les vertues ou bien présentées comme responsables de tous les dangers.

Voici les quelques éléments que j'ai relevé. Cela de façon simplifié, mais qui peuvent donner des pistes pour aborder ce thème ou approfondir des recherches personnelles.

Voici également le lien vers son site pour accéder à une présentation plus complète de l'étendue de ses travaux:



et voici donc mes notes :
  • En français, un seul terme pour désigner le jeu alors qu'en anglais deux notions sont différenciées  
    gaming : le jeu, les règles.
    playing : l'activité de jouer.

  • Le jeu est la première activité de l'enfant avec la découverte de son propre corps, ce qui va participer de sa construction identitaire.

  • Pourquoi jouer ?
     - prendre conscience et accepter la réalité qu'on ne maîtrise pas toujours.
    - découverte d'un espace potentiel (dans le jeu tout est possible) - intégration de cet écart entre plaisir et réalité et pouvoir en jouer.
  • Le jeu est un miroir grossissant de la construction de la personne. L'observation en situation de jeu va donner des informations importantes pas toujours accessibles en entretien.

  • De la même façon, on peut observer l'investissement (ou non investissement) de l'avatar. Ce qui était un simple pion nous représentant sur un plateau de jeu est devenu figurine puis un avatar modulable. Les choix dans cette personnalisation vont donner des éléments importants : comment la personne se voit ? Comment veut-elle se montrer aux autres ? (est-ce que cela relève des failles?). On peut le rapprocher de ce qu'adolescents (ou adultes) donnent à voir sur profil facebook : que donne-t-on à voir comme image de soi?

  • Les jeux sont construits selon une grille classique :
    - les règles
    - les objectifs
    - éléments perturbateurs (obligent à se réajuster, ce qui constitue l’intérêt de la partie)
    - interactions, gratifications
    - histoire, univers (graphisme, univers sonore)
    - engagement, immersion par le corps.

  • Attention, souvent ce qui attire notre regard c'est le graphisme, l'univers sonore qui vont nous donner un première impression, axer notre jugement sur le jeu (violent ou inoffensif). 

    MAIS c'est bien au contenu qu'il faut être attentif ! Quelle est la mécanique du jeu ? Quelles sont les valeurs véhiculées ? Est-ce un jeu de destruction ? De construction ?
    Exemple donné : angry bird, graphisme inoffensif et pourtant il s'agit bien de tuer des cochons !

  • Théorie du FLOW, apport de la sociologie et reprise (contre toute attente) par tous les professionnels des jeux.

    Trouver l'équilibre entre une ligne « compétences » :
    trop difficile = décrochage trop facile = ennui

     Et une ligne « challenge » :  
     trop difficile = anxiété trop facile = décrochage

Un bon jeu sera celui qui trouve un équilibre avec des gratifications suffisantes par la réussite grâce à la maîtrise des compétences et qui proposera des challenges de difficultés atteignables.

  • Exemple de Minecraft, qui sollicite à la fois des connaissances et de la créativité.
  • La grande phrase du jour (pour moi!) : les jeux vidéos sont des outils comme les autres
    Ils ne présentent pas de dangerosité intrinsèque ! Mais la grande question sera que va-t-on en faire ? Un jeu pour quel usage ? Quel est le principe que l'on veut y apposer ?
    Pour avoir la paix ? Pour partager ? Pour se défouler ? Pour extérioriser une agressivité ? Pour se protéger du réel ?... etc liste aussi longue que les situations de vie. Le numérique et son utilisation viennent bien s'inscrire dans le réel, donner à voir du réel d'une façon différente. Par exemple le mode de jeu : seul, en équipe ? En compétition, en coopération ?...

  • L'intervenante attire notre attention sur les jeux « dits » sociaux, … qui ne sont pas des jeux car ils ne font pas appel au plaisir, à l’acquisition de compétences mais dont le but est exclusivement commercial : jeux qui frustre, pas de gratification, confrontation à un but inatteignable seulement pour déclencher des achats. (candy crush...)
  • « Quand c'est gratuit... c'est que c'est vous le produit ! »
  • Terme d'addiction galvaudé, on préfère parler aujourd'hui de consommation excessive à un moment donné . Et attention aux étiquettes qui enferment.
    Ex : un problème pour un jeune à un moment donné sera un mal-être, sa solution se réfugier dans le jeu vidéo en ligne. Au final ce qui est une tentative de solution à ce moment là pour le jeune pour ne pas se laisser envahir par la dépression (position active, jeu en réseau donc échange avec d'autres même sous couvert d'anonymat), peut être intensif mais passager.
    A l'inverse si l'étiquette des adultes se pose sur addiction : ce qui devient le problème c'est le comportement excessif qui est décrit comme identité définitive donc devient le problème à régler et on va alors passer complètement à coté du mal-être qui était bien le problème initial.
    Importance d’entendre la souffrance qui s'exprime et la tentative de solution à ne pas dévaloriser mais à accompagner.
  • Les chiffres du jour... pour lutter efficacement contre les préjugés !
    80% des français jouent aux jeux vidéos dont 52 % de femmes
    la moyenne d'âge du joueur est de 41 ans, et la moyenne de jeu est de 12 heures par semaine. (on est loin de l'ado boutonneux enfermé dans sa chambre!)

  • Le rôle des réseaux sociaux dans le rapport au temps et à l'espace, très décriés et pourtant s'inscrivent dans une modification du rapport spatio-temporel engagé avec le progrès sur un continuum : développement du transport voiture, avion, apparition des communications téléphone, internet...
    Aujourd'hui: apparition de l'immédiateté : nouvel apprentissage à faire pour gérer. Quelles règles on se fixe ? Question de volonté, de choix personnel. (Quelles règles pour nos enfants... et pour nous mêmes ! Qu'est ce qu'on propose à nos enfants à coté ou en parallèle ? Quelle qualité de relation si nous nous laissons nous-mêmes envahir par la connexion toujours possible?)

  • Et avec les 0-2 ans cette évidence s'impose de façon flagrante : non à l'écran passif ! Mais pourquoi pas des tablettes avec un temps précis, un objectif précis avec le choix d'applications de qualité (une histoire et des jeux qui y sont associés pour s'approprier le texte de façon ludique).
  • Et avec des ados, « écran » oui mais pour quoi faire ? Une heure de vidéos en ligne : passif. Un heure dans un jeu en construction : pourquoi pas ? Et ainsi de suite, on est bien dans une question de choix et d'objectifs.

    « Réel et numérique : c'est la même chose, le même quotidien. Juste un outil parmi d'autres. Comment choisissons-nous d'utiliser cet outil ? Le numérique sera ce que nous en ferons ! »


Et voilà un éclairage qui nous fait sortir d'une opposition stérile entre livres et écrans. Les quelques applications pour tout-petits présentées donnaient vraiment envie d'être explorées.

Une autre intervenante a décrit le métier de bibliothécaire comme potentiellement en évolution vers de la médiation sur les contenus et les supports... alors qui sait ? Même si je suis tout particulièrement attachée aux livres que je promène dans ma valise à la rencontre des petits lecteurs, peut être, dans quelques années au milieu des livres se glissera une tablette !

Tant que l'essentiel est là : la rencontre, le partage, après tout... pourquoi pas !


Edit: tadam!! voici le lien de la même conférence donnée dans un autre département (internet c'est vraiment magique):

conférence pierresvives département de l’Hérault

Bon visionnage!



lundi 6 octobre 2014

la tétine de nina






LE livre qui cartonne!

Mon préféré (allez soyons précis un de mes préférés!)


Nina garde toujours sa tétine dans sa bouche, dur dur de la comprendre quand elle parle!

Et plus tard dit maman?

Plus tard? Je garderais ma tétine dit Nina d'un ton très assuré!

A la piscine, au travail, pour mon mariage...

Mais voilà qu'en promenade, une rencontre va tout changer...




"La tétine de Nina"
Christine Naumann-Villemin - Marianne Barcilon (illus.)
Ecole des Loisirs (jan 2004) coll. Lutin poche

les imagiers de moustilou...







Les animaux, les enfants adorent...

Spontanément les parents sont fiers d'apprendre le nom et les cris des animaux à leur enfant.

Et pour "la dame des livres", ces deux ouvrages (qui ont servi à la maison!), permettent de toucher à la fois:
  • les tout-petits en admiration devant les photos
  • les parents contents de voir leur petit réagir
  • et les grands frères ou grandes sœurs avec lesquels on peut lire le documentaire associé à chaque image
In-dis-pen-sa-ble!



L'encyclo photos de Moustilou chez Play Bac



samedi 4 octobre 2014

Une lectrice à la PMI

Toujours sur le site Cairn info dont je vous parlais ici , un très beau texte de Marie Noëlle Testa, issu d'une revue Spirale de 2004.

Il décrit parfaitement la diversité des partages, des rencontres dans ces lieux d'attente.

Le temps nécessaire et variable pour que la rencontre puisse avoir lieu, 
la patience, l'absence de logique utilitaire ou de "rentabilité"

"Je ne suis pas là (même contre toute attente) pour « combler » l’attente à tout prix. J’attends le moment opportun pour m’approcher ou laisser venir, avec ou sans livre."

Et oui, on a parfois l'impression que la lectrice "ne fait rien" alors qu'il faut parfois s'apprivoiser par le regard ou même la seule présence.

Je pense à cette famille avec laquelle je me suis sentie en difficulté:
lors de notre première rencontre, les enfants, charmeurs, s'étaient saisis très naturellement des livres. Ils étaient dans une attente immense.

Mais je sentais la douleur que cela déclenchait chez maman qui s’enfonçait dans sa chaise comme si elle voulait disparaître!

Ne pas mettre maman en difficulté, ne pas décevoir les enfants... j'étais restée en retrait et rentrée chez moi malheureuse d'un équilibre forcément décevant.

Bien plus tard la famille est revenue, il a fallu plusieurs séances pour se découvrir, jusqu'au jour ou le dialogue a pu se mettre en place avec maman et ou les échanges ont pu devenir spontanés et joyeux.

Il y a aussi la rencontre avec les professionnels des centres médico-sociaux... les assistantes sociales qui viennent découvrir les nouveautés, la sage-femme qui vient prendre des références pour faire un  cadeau à ses petits-enfants, le médecin qui cherche un livre sur les colères...

Que de vie en salle d'attente PMI!


 « Une lectrice à la pmi », Spirale 4/ 2004 (no 32), p. 163-165




Bonne lecture!



Je compte jusqu'à trois ...




J'aime beaucoup le dessin sobre mais précis et malicieux d'Emile Jadoul.

Ici, beaucoup de parents pourront se reconnaître...

Papa Bouc est très pressé, Petit Bouc n'aime pas se dépêcher.


« Attention ! » dit Papa Bouc « je compte jusqu'à trois ! »
« Je suis là, Papa Bouc, je suis là »

« Vite, vite ! » dit Papa Bouc « je compte jusqu'à trois ! »
« Je suis prêt Papa Bouc, je suis prêt »

« Tu sais Papa Bouc, à l'école, j'ai appris à compter jusqu'à 10. Si tu veux je peux t'apprendre !
On serait moins pressé le matin. Tu ne crois pas Papa Bouc ? »



"Je compte jusqu'à trois"  Emile Jadoul chez l'école des loisirs

vendredi 3 octobre 2014

Livres à chanter...


Les p'tites souris vertes - Patrice Léo chez Casterman
Je n'adore pas tous les dessins de cet ouvrage, mais les enfants observent avec attention. C'est la comptine qu'ils connaissent tous, elle rassemble les petits groupes. Même les enfants les plus méfiants veulent bien s'approcher de ce livre là.
De plus le format cartonné et rectangulaire se manipule avec facilité même pour les plus petits.




Une poule sur un mur - Stefany Devaux chez Didier Jeunesse Pirouette
Un beau livre, très coloré, à la fois sobre et poétique, qui sert de base à deux comptines : « une poule sur un mur » et « l'était une p'tite poule grise ».

J'aime beaucoup la seconde. Mais il n'est pas rare que les parents me disent, en parlant de leur tout petit bébé « il aime bien les comptines, je le mets devant l'ordinateur, ça lui plaît, ça bouge bien ! »

Dans ce contexte, la comptine du « p'tit coco, que l'enfant mangeait tout chaud » semble quelque peu désuète !
Difficile à fredonner sans support... mais maintenant, bien équipés, nous allons pouvoir chanter !

Petite souris...




Un très beau livre, plein de tendresse et de malice, qui offre une belle diversité de niveaux de lecture...


« Une petite souris ? Moi !

Pourtant je suis grande (comme la girafe), courageuse (face au lion), forte (comme un taureau) etc... mais le soir quand je suis fatiguée, qu'il est l'heure d'aller se coucher, je suis bien contente d'être la petite souris à maman ! »


 "Petite souris"  Alison Murray  - Hatier jeunesse

Des mots pour la vie...

(1ère publication le 24 septembre)


C'est une jeune maman. Nous la voyons quelques fois à la PMI, elle arrive toujours d'un pas pressé, le visage fermé. Toujours très polie mais toujours sur le qui-vive.

Dans la poussette son fils reste attaché sans bouger, avec très peu de mouvements. Quand on arrive à accrocher son regard, il reste assez peu expressif. Je lui ai déjà présenté des livres mais sans arriver à savoir si cela déclenche quelque chose chez lui ou pas.

Aujourd'hui ils sont tous les deux dans la salle d'attente des assistantes sociales. Je m'approche, nous discutons un peu avec maman, de son fils qui a bien grandi (déjà deux ans!), de cet été où il ne fait pas bien chaud....

Je propose un livre à petit bonhomme, il regarde les pages, sans toucher et sans expression. Maman remercie puis se perd à nouveau dans ses pensées, regarde fébrilement autour d'elle dans l'attente de son tour à la permanence de l'assistante sociale.

Petit bonhomme me regarde, regarde le livre, observe ce qu'il se passe autour de lui. Je n'arrive toujours pas à décrypter son expression.

L'attente est longue pour cette permanence sans rendez-vous. Je vais ainsi naviguer, une partie de la matinée, entre les salles d'attente PMI et sociale, pour passer un peu de temps avec petit bonhomme et sa maman.

Au bout d'un moment arrive une jeune maman avec ses deux enfants : un grand garçon très attentif à son petit frère de deux ans. Celui-ci est en exploration ! Et en mouvement permanent ! Il passe du livre à la cabane, de la cabane au toboggan sans oublier le cheval à bascule !

Petit bonhomme, dans sa poussette, observe le manège.

Pendant que cette famille part en consultation, je suis à nouveau auprès de petit bonhomme et sa maman, toujours en proposition de livres. Tout d'un coup maman m'interpelle :

« Peut-être vous vous saurez ? Mon fils, depuis qu'il est né, je lui parle trois langues, français, arabe et berbère. Mais je vois bien qu'il ne dit pas des mots. C'est de ma faute, ça lui a fait trop de choses dans la tête, mon mari aussi il dit que c'est de ma faute. Je vais arrêter tout ça, il faut juste que je me perfectionne en français... »

Je sens tout le poids de l'inquiétude de cette maman. Tout ce qu'elle veut faire pour le mieux et la peur paralysante de « mal faire ». La pression constante dans laquelle elle se trouve (Pression qu'elle s'impose ? Pression extérieure ? Je ne connais ni son histoire ni sa situation).
La culpabilité qui s'installe et l’inconfort face à cet enfant qui ne réagit pas tout à fait comme on l'attend, comme elle l'espère, alors qu'elle veut « si bien faire »...

Par ailleurs, se poserait elle autant de questions si elle parlait espagnol, anglais ou allemand à son enfant ? Quel regard peut-elle sentir posé sur elle, en tant que jeune femme voilée ? Quelles réticences a-t-elle intégrées et qui conduisent vers une dévalorisation plus ou moins consciente ?

« Ouh là là ! Mais si je parlais anglais le dixième de ce que vous parlez bien le français, je serais la plus heureuse des femmes ! »

Sourire de maman

« Il n'y a pas grand chose à perfectionner ! »

« Après, pour le langage, parlez-en au médecin quand vous venez à la PMI, s'il y a des choses qui vous inquiètent, qui vous interrogent, le médecin et la puéricultrice sont là aussi pour parler avec vous »

« Ah bon, je croyais que c'était juste pour le médical ! »

« Oui pour le médical mais aussi pour tout le développement de l'enfant, et aussi pour les parents. Quand on a trop d’inquiétudes, pour diverses raisons, les enfants le sentent. Pour que les enfants soient bien, il faut que les parents aillent bien aussi, alors le médecin, la puéricultrice, ils sont aussi disponibles pour vous ».

« Pour le langage, je ne suis pas spécialiste, peut être que trois langues ça fait beaucoup, il faut voir. Mais parler plusieurs langues, c'est une sacrée richesse et c'est un très beau cadeau que vous faites à votre fils ! La prochaine fois parlez-en avec le médecin »

Petit bonhomme gigote dans sa poussette, alors je m'adresse à lui :
« Mais tu en as de la chance dis donc ! Tu as une super maman ! Elle est trop forte ! Elle sait parler français, arabe et berbère, ouah tout ça ! Il n'y a pas beaucoup de gens qui savent autant de choses ! Et en plus, elle t'apprend tout ça, tu as beaucoup de chance ! Quand tu seras grand, que tu iras à l'école, ce sera facile pour toi d'apprendre d'autres langues parce que tu auras déjà l'habitude. Tu vas pouvoir découvrir plein de choses ! »

Hasard ? Conséquence ? :

Petit bonhomme gigote de plus belle. Et il sourit ! Il regarde sa maman puis entre dans un jeu de cache-cache derrière sa main. Je rentre dans son jeu en me cachant avec un livre qu'il attrape avec une énergie vive.
Il se met à tourner les pages par lui-même, regarde avec une vraie attention tout en lançant un coup d’œil à maman de temps en temps.

La famille partie en consultation ressort et la mère laisse ses enfants jouer un peu.

Le petit court dans tous les sens puis s'installe dans la cabane pour jouer à caché/coucou avec les volets face à petit bonhomme qui rit aux éclats en se trémoussant de plaisir dans sa poussette !

Nous nous installons à proximité avec le grand frère en regardant des documentaires sur les animaux.

Puis ce sera l'heure pour chacun d'être reçu à son rendez-vous ou de rentrer à la maison.

Petit bonhomme sait sourire, il peut se montrer plein de vie , entrer en échange avec un enfant de son âge...

Alors quoi ?

Alors PRENONS SOIN DES MAMANS !!
Alors PRENONS SOIN DES PAPAS !!

Plus de temps, plus d'humain dans les services. C'est dans ce temps non utilitaire, ce temps d'attente revisité que peut se libérer une parole. Cela prend du temps pour que s'installe une confiance...

Alors quoi ?

Alors des lieux d'échanges pour les parents... des lieux pour se soutenir, pour apprendre à se faire confiance. Il n'y a pas qu'un seul chemin pour élever un enfant !

Et il est tellement plus simple d'accompagner à se découvrir parents que de réparer les blessures !

La liaison est faite avec le médecin et les puéricultrices... il me tarde de revoir petit bonhomme et sa maman.



Histoire de valise ...

(1ère publication le 25 août )



Et voilà !

C'est la fin de la trêve estivale !

Le mois de juillet a été bien rempli. Pendant les vacances scolaires, les fratries viennent en consultation au complet.
Les séances ont été particulièrement vivantes, avec de belles rencontres entre enfants et du brassage dans les échanges entre adultes : les habitués du centre-ville, les touristes de passage qui profitent de la PMI pour peser leur nourrisson, les familles du rural qui viennent en ville, les séances dans les villages étant suspendues durant l'été.

Ce mois d’août, j'étais en vacances... j'en ai profité pour passer en médiathèque, renouveler un peu les livres que je propose.

Le drame de ma valise... c'est que ce n'est pas une bibliothèque ! Elle n'est pas extensible !

Je suis toujours partante pour découvrir de nouveaux livres... mais j'ai beaucoup de mal à rendre ceux que j'ai aimé !

Alors, je remplis, je remplis... mais les roues de la valise n'ont pas aimé !
Il a fallu les réparer euh, non en fait, elles n'étaient pas réparables, il a fallu les changer (merci beaucoup, super-papi-bricoleur!).

Alors j'ai rendu des livres. Ils ne sont pas perdus, ni très loin, juste dans ma médiathèque préférée !

Et voici ,dans les articles suivants, quelques douceurs qui les ont remplacés … bonne rentrée à tous et bonne lecture !


La poussette ROSE...

(1ère publication le 27 juin 2014)


Aujourd'hui il y a du mouvement.
Personne ne s'est installé en salle d'attente, la salle de puériculture est devenue terrain de jeu.


Plusieurs familles sont là : certains se préparent pour voir le médecin, d'autres rhabillent un enfant avant de repartir, et plusieurs grands frères et sœurs ont investi la salle, qui la piscine à balle, qui la cuisine et sa dînette.

Les parents s'interpellent et commentent la vie avec les enfants...

Je me suis donc installée dans la salle sur le tapis et nous regardons des livres avec ceux qui le souhaitent au milieu de ce joyeux brouhaha.


Petit bonhomme a déjà été mesuré et pesé par la puéricultrice, il attend son tour en body. C'est un petit garçon plein de vie, qui joue d'un air décidé. Il a regardé les livres un bon moment et maintenant il partage la dînette avec d'autres, plus grands que lui, avec une belle assurance tranquille. Et tout cela sous le sourire attentif de sa maman.


Papa est présent lui aussi, il observe son fils mais il est beaucoup moins détendu : jouer à la dînette, il ne trouve pas ça terrible !

Mais le pire est à venir... petit bonhomme s'empare de la poussette ROSE, pour prendre soin du poupon et le promener.


Papa s'étrangle ! Honteux, il interpelle vivement son fils : « Lâche ça, tout de suite, c'est pour les filles ! »


Maman hausse les épaules et petit bonhomme, passée la surprise, n'a pas du tout l'intention de lâcher la poussette.


Une maman commente : « Ah la poussette ! Les hommes ils aiment pas ça que les garçons ils jouent avec, c'est pas viril ! Mon mari il aime pas non plus ». Les femmes rigolent, papa hausse les épaules et petit bonhomme promène la poussette ROSE d'un air toujours aussi décidé.


Je tente l'humour pour offrir une porte de sortie à papa : « le problème de cette poussette c'est qu'elle est ROSE ! Si elle était bleue, ce serait déjà moins gênant ! »


Papa, soulagé de trouver un peu de soutien, se redresse « ben ouais c'est ça, ça serait moins pire ».


Mais le coup de grâce vient de sa voisine à l’œil pétillant... « ben en fait, la poussette elle est ROSE... comme votre tee-shirt ! »


Papa, gêné, accuse le coup, j'enfonce le clou : « Vous poussez la poussette de votre fils vous en promenade ? »

Papa acquiesce.
« Et bien, petit bonhomme, tu t'en occupes bien de ce poupon, tu le promènes, tu lui as fait à manger. Tu seras un bon papa toi aussi quand tu seras grand ».


Maman sourit, papa se cale dans sa chaise.


Quelle difficulté de faire bouger les représentations ! Dans cette pièce, tout le monde a l'air de trouver normal qu'un petit garçon joue avec une poussette ROSE ! En tout cas personne n'est choqué... et c'est bien cela qui paraît anormal à papa !

Il se cale sur sa chaise, comme un observateur extérieur.


Petit bonhomme a joué encore un bon moment avec la poussette, le poupon et la dînette, ils sont plusieurs à cuisiner et nourrir le poupon dans un bel échange.


Puis des enfants partent, petit bonhomme s'installe dans la piscine à balle et voilà papa rassuré. Il invite son fils à taper du pied dans les balles comme dans un ballon de foot.

Les conversations s'enchaînent sur le mondial de foot et les matchs qui viennent de démarrer.


Puis petit bonhomme et ses parents partent voir le médecin.

C'est presque la fin de la consultation, je range un peu la pièce, mais je laisse, près de la cuisine, le poupon confortablement installé dans la précieuse poussette ROSE...


Solidarité féminine...

(1ère publication le 3 juin 2014)


Maman s'est installée avec son bébé dans les bras, une toute petite demoiselle, qui attrape sa mère du regard. Il y a une belle complicité entre elles deux, des sourires aimants, de la joie.

Nous échangeons quelques mots et puis c'est l'heure du biberon... je m'installe un peu en retrait pour le temps de la tétée...

Mais c'est maman qui m'interpelle : « Il raconte quoi ce livre là ? »

« Des papas et des mamans » de Jeanne ASHBE.

Et voilà que je démarre cette lecture pour maman pendant que « toute petite demoiselle » prend son biberon.

Quand le livre est terminé, c'est maman qui commente « il est bien ce livre, parce qu'il montre que les hommes aussi ils peuvent faire des choses à la maison. C'est un bon exemple. Parce que moi, mon mari à la maison, il dit « je rapporte le salaire, alors toi, c'est normal, tu fais tout le reste » Mais maintenant avec trois enfants, ça fait beaucoup de travail ! »

« Alors c'est une idée cadeau ! Il faut l'offrir à votre mari ce livre ! Ce sont vos grandes filles qui vont le lui lire, pour la fête des pères : ça irait bien ! »

Rires de maman, complicité féminine ! Nous échangeons sur la vie de famille, la place des hommes et des femmes. C'est dans ces moments là que je ne crois pas à la « distance » ou « neutralité » professionnelle.

Dans cet échange, je n'ai rien dit de ma vie personnelle mais par mon écoute j'ai essayé d'être en complicité, en solidarité entre femmes.

Sans perdre de vue la petite demoiselle qui digère son biberon dans les bras de sa maman et qui, par la même occasion, avale chacune de nos paroles. Et c'est à elle que je m'adresse, tout d'abord parce qu'elle nous écoute, et puis aussi que c'est elle qui représente l'avenir. Comme va-t-elle être élevée ? Quels seront ses modèles, ses références ? Quelle mère, quelle femme sera-t-elle à son tour ?

Et maman sourit : « C'est vrai que c'est nous qu'on leur fait le modèle. Si mes filles, elles acceptent pas de tout faire, et bien leurs hommes, ils changeront peut-être. Moi le mien c'est trop tard !! »

« Ça vaut quand même le coup de tenter le cadeau de la fête des pères ! Essayez pour voir, vous me raconterez ! »

Dans les rires, l'échange se fait léger...

« Toute petite demoiselle » s'est redressée, nous regarderons « pour qui ce petit bisou » et puis quelques planches de « beaucoup de beaux bébés ».

Maman est très attentive aux réactions de son bébé. «Les grandes, elles aiment beaucoup les livres, les histoires. Elles veulent toujours lui lire les livres de l'école. Moi je leur dis qu'elle est trop petite. Mais là, ce livre, il est bien pour les tout-petits. Je vois qu'elle regarde bien déjà, même tout bébé. Ils viennent d'où ces livres là ? »

Et la liaison se fait vers la bibliothèque du quartier et celle du centre-ville.

Et puis c'est le moment de partir à la consultation... au revoir, et bonne journée !